Promenade quotidienne

Comme à son habitude, Daloë s'était levée quelques temps avant l'aube. Elle avait passé en vitesse une robe de laine et une cape épaisse, enfilé ses bottines de cuir et attaché sa petite sacoche à sa ceinture dans laquelle elle avait fourré un petit pain, une serpe et une gourde.

Elle marchait d'un bon pas et fredonnait gaiement, ses jupons s'accrochant aux ronces et se maculant peu à peu de boue, comme à l'accoutumé. Elle s'arrêta en chemin pour couper quelques tiges de Genévrier commun et reprit sa marche pour arriver bientôt au bord de l'eau. Elle huma l'air frais et fleuri et ferma les yeux pour écouter les divers bruits de la forêt. Les oiseaux gazouillaient, l'eau clapotait joyeusement et les feuilles des arbres frémissaient sous la caresse du vent. Elle regarda le ciel se teinter de trainées roses et voilettes alors que l'aube se levait.

Elle s'installa confortablement dans l'herbe humide de rosée, resserra sa cape autour de ses épaules et entreprit de manger la collation qu'elle avait apporté. Bien qu'il fasse frais, Daloë lut dans la couleur du ciel et dans les odeurs ambiantes qu'il ferait beau et chaud ce jour. Elle ramena une épaisse mèche rousse qui s'était échappée de sa natte derrière l'oreille et croqua avec avidité dans la boule de pain encore tiède.

C'était en pleine nature qu'elle ressentait les énergies vitales évoluer avec le plus de force. C'était comme des faisceaux qui dansaient autour d'elle et donner vie à la forêt. En tant qu'Enchanteresse, elle avait appri à ressentir ces énergies et à les moduler pour accomplir des "actes magiques"

Après s'être abandonnée à la contemplation de l'aube naissante, elle entreprit de laver et de purifier ses brins de Genévrier Commun. D'ordinaire, elle passait ses matinées dans une petite prairie et ne venait que de temps en temps vers le cours d'eau. Mais ce jour là, elle espérait trouver des trèfles d'eau pour un de ses amis nains qui était en période de convalescence après une très forte grippe. Le trèfle d'eau lui redonnerait son appétit et son énergie habituels.

Elle s'approcha de la rive et plongea ses herbes dans la petit rivière. Ses doigts s'engourdirent sous la morsure de l'eau glacée mais cela la réveilla et elle se mis à rire, heureuse de vivre un plaisir aussi simple et agréable.
Elle secoua lentement le Genévrier dans l'eau puis le déposa délicatement sur l'herbe. Elle devait le purifier avant de le laisser sécher. Elle s'agenouilla, leva les bras vers le ciel puis posa ses paumes sur le sol. Elle puisa l'énergie terrestre nécessaire à l'invocation. Elle laissa le fluide monter en elle puis se redressa, tendit les bras vers les herbes médicinales et récita

"Oh Dieux! Venez jusqu'à moi en ce lieu de paix et éclairer ces quelques herbes de votre force magique. Ainsi soit il"

Elle s'allongea ensuite par terre pour évacuer le trop plein d'énergie. Elle avait des fourmis dans les bras et la tête lui tournait, comme à chaque invocation. Elle ferma les yeux et crut entendre un instant le rire cristallin d'une fée, quelque part dans la forêt. Il lui semblait avoir entendu dire que les fées appréciaient cet endroit, mais elle n'en était pas sure. Ayant perdu toute notion du temps, elle resta allongée dans l'herbe assez longtemps pour que le soleil se lève et réchauffe agréablement son visage nu. Elle ouvrit lentement les yeux puis se releva avec douceur. Elle aperçut quelques trèfles dans le cours d'eau et se pencha pour les cueillir. Le ciel était très bleu, l'air était moins frais et l'eau scintillait sous la caresse du soleil. Prise d'une soudaine envie, elle se déshabilla prestement et plongea son corps nu dans l'eau. Le froid glacial la saisit délicieusement et elle se mis sur le dos, battant par instants des pieds, profitant de ce moment avec délice. Elle n'avait pas peur d'être surprise, elle avait abandonné sur la rive toutes ses angoisses. Portée lentement par l'eau, sa solitude semblait plus légère. Elle ferma les yeux, aveuglée par le soleil et respira profondément.

[hj: désolée pour la réponse tardive, emploi du temps surchargé]

Daloë entendit quelque chose tomber discrètement dans l'herbe. Elle se releva prestement et plaqua ses bras sur sa poitrine dénudée, le reste de son corps caché sous l'eau. Une magnifique créature se tenait debout à quelques pas de la rive. Elle lui tournait le dos et Daloë pouvait voir sa magnifique chevelure ébène oscillait sous la caresse du vent. Elle s'approcha lentement de la rive et, tout en attrapant sa cape pour se couvrir elle dit d'une voix où perçait la curiosité.

"Qui êtes vous?"

Elle était intriguée par la jeune créature et par sa présence ici. Elle aperçut, à travers ses longs cheveux noirs, un petit bout d'oreille pointue

*C'est une elfe*

Daloë n'était pas gênée outre mesure, ni offensée d'avoir été observée, elle ne se formalisait pas de si peu de choses. Elle espérait que l'elfe se tournerait vers elle pour lui répondre, bien qu'elle était persuadée que celle-ci allait s'enfuir. Pourtant, elle semblait hésiter.

[Pas grave, de toute façon en ce moment je passe pas souvent^^]

La jeune femme entendit bien le bruit qu'Idril provoqua. L'elfe sentit celle-ci derrière elle qui se releva rapidement et qui prit un vêtement pour lui couvrir le corps une fois arrivée au bord. Elle lui adressa ensuite la parole où l'on pouvait deviner une pointe de curiosité.

"Qui êtes vous?"

Idril resta calme, hésitant à faire un mouvement ou même de répondre à la question qu'on venait de lui poser. Idril n'était pas vraiment une personne ouverte, bien que ses dernières recontrent l'ait quelque peu changé. Elle se retourna lentement, et posa ses yeux gris sur la jeune femme qu'elle avait observée.

- Une elfe...

Son nom ? Elle ne le connaissait pas...Son prénom ? Pourquoi lui donner, elle l'oublierait vite et peut être ne le comprendrait pas, comme le nain Karimac qu'elle avait rencontrée auparavant. Pourtant la l'être magique en face d'elle semblait loin d'être bête, au contraire elle dégageait une certaine assurance et calme qui décrocha un sourire à Idril. Elle viendrait surement aussi a expliquer pourquoi elle était dans les parages, c'est vrai qu'au tout début elle ne comptait pas épier quelqu'un mais tout simplement cueillir des plantes...Comme l'elfe n'était pas très bavarde, elle attendit, que cette jeune femme brise le silence.

La jeune elfe se tourna lentement et le regard de Daloë se posa sur ses grands yeux gris. L'enchanteresse trouvait la créature très belle. Elle sortit entièrement de l'eau et le vent la fit frissoner délicieusement. Elle s'enroula dans sa cape et avança d'un pas. Elle ne voulait pas s'avancer de peur d'effrayer la jeune elfe. Celle-ci la dévisageait sans rien dire et le silence était pesant. Daloë ne voulait pas la laisser partir, elle aimait les elfes et avait envie de faire sa connaissance.

"euh... commença t'elle, je me nomme Daloë Syrra, je suis une enchanteresse. Pardonnez ma curiosité mais, comment vous appellez vous?"

Les lèvres de Daloë s'étirèrent en un sourire encourageant. Elle imagina que ce ne devait pas être très convaiquant, son visage avait été engourdi par l'eau glacée et son sourire devait plus ressembler à une grimace qu'à autre chose. Elle attendait que la jeune elfe réponde et mette fin à ce silence décidemment très dérangeant.

"euh... commença t'elle, je me nomme Daloë Syrra, je suis une enchanteresse. Pardonnez ma curiosité mais, comment vous appellez vous?"

Comme Idril l'espérait, son interlocutrice reprit la parole, puis étira ses lèvres sur un sourire que Idril qualifia de symphatique. Il est vrai que parler avec la jeune elfe n'était pas une mince affaire. Alors c'était bien une enchanteresse. Idril s'en doutait un peu. La manière dont elle avait utilisé la magie en témoignait. C'était la deuxième fois que la fille aux cheveux ébènes croisait la route du enchanteresse, et cette rencontre avait quelque peu catastrophique, éprouvant, mais dans le fond assez symphatique. Idril sourit tout en se remémorant, Lessien, jeune enchanteresse aux cheveux de blés. Elle répondit finalement à la question de Daloë :

-Je me nomme Idril Elensar...

L'elfe regarda en direction des affaires de la jeune fille puis l'eau. Elle se mordit les lèvres et reposa son regard sur Daloë.

-Elle est bonne ?

Lorsque la jeune elfe ouvrit enfin la bouche, Daloë se détendit et son sourire s'agrandit. Elle lui dit s'appeler Idril Elensar, ce à quoi Daloë répondit

"enchantée"

L'elfe lui demanda si l'eau était bonne. Daloë rejeta ses cheveux dégoulinant d'eau en arrière et partit d'un rire franc avant de répondre

"Elle est glacée et j'ai très froid. Mais nous autres enchanteurs, nous devons nous habituer à ne pas ressentir le froid comme une contrainte subie par notre corps mais plutôt nous concentrer sur les sensations et les sentiments que nous éprouvons, pour nourrir notre force spirituelle. Enfin vous êtes une elfe, vous devez connaitre cette pratique?"

L'eau de ses cheveux mouillaient sa cape et la laine collait désagréablement à son dos, lui piquant la peau. Tout en parlant, elle enleva sa cape et enfila prestement sa robe. Puis elle essora ses cheveux et et entreprit de refaire sa natte.

"Elle est glacée et j'ai très froid. Mais nous autres enchanteurs, nous devons nous habituer à ne pas ressentir le froid comme une contrainte subie par notre corps mais plutôt nous concentrer sur les sensations et les sentiments que nous éprouvons, pour nourrir notre force spirituelle. Enfin vous êtes une elfe, vous devez connaitre cette pratique?"

Idril écouta Daloë sans dire mot. Et posa son regard sur ses pieds nus et remarqua que sur celui de gauche une coupure légère saignait. Cette coupure avait était probablement du à sa chute, mais Idril ne chercha pas vraiment la cause. Elle posa ses yeux sur l'enchanteresse, comprenant parfaitement ses mots.

-Oui, nous autres les elfes comprenont cette pratique, elle nous est peut être plus rapidement acquise...Pas pour tous bien sûr, mais vivre dans la nature depuis notre enfance nous "endurcis"...

Tout en parlant, l'elfe s'était dirigée vers la rivière et trempa son pied blessé dans l'eau glacé. Idril frissonna au contact de l'eau, mais pas bien longtemps, elle s'habitua très vite à la température. Elle s'asseya ensuite doucement sur l'herbe, le pied toujours dans l'eau, avec une petite pointe nostalgie visible dans son regard. Elle regarda la nature devant elle, tout était paisible

Alors que Daloë parlait, la jeune elfe baissa les yeux vers ses pieds. Des gouttes de sang coloraient sa peau diaphane. Lorsque Idril lui répondit que vivre dans la nature l'avait endurci, La jeune enchanteresse sut qu'elles étaient sur la même longueur d'ondes.

L'elfe trempait à présent son pied blessé dans l'eau. Daloë l'observa en silence. Elle s'approcha timidement et s'installa dans l'herbe, à un mètre d'elle. Elle était absolument fascinée. Les enchanteurs se battaient toute leur vie pour ne pas se soumettre à leurs faiblesses humaines. Enfant, elle avait passé des épreuves physiques et mentales pour développer son pouvoir. La vie d'un enchanteur était marquée par la douleur car on leur enseignait que pour atteindre la sagesse suprême, il fallait en passer par là. Les elfes avaient, semblait-il, un tout autre mode de pensées. Ils ne naissaient pas avec cette tendance humaine qui consiste à s'apitoyer sur son sort et à se laisser aller. Ils ne semblaient jamais douter et leurs décisions étaient toujours surs. Comment faisaient ils pour avoir autant de force? Mais peut-être était ce une apparence, ils étaient peut-être confrontés aux mêmes dilemmes et souffrances. La jeune femme décida de rompre le silence et tout en observant la rive opposée, elle parla

"Votre vie doit être agréable. Je veux dire, vous ne prêtez aucune attention aux choses superficielles, vous naissez avec cette clairvoyance qui vous pousse vers l'essentiel. Nous autres, enchanteurs, devons toujours vivre dans le doute. Notre pouvoir est autant un don qu'une damnation. Nous craignons de faire des erreurs, car leur impact serait immense"

"Votre vie doit être agréable. Je veux dire, vous ne prêtez aucune attention aux choses superficielles, vous naissez avec cette clairvoyance qui vous pousse vers l'essentiel. Nous autres, enchanteurs, devons toujours vivre dans le doute. Notre pouvoir est autant un don qu'une damnation. Nous craignons de faire des erreurs, car leur impact serait immense"

Idril était toujours assise, les pieds dans l'eau dont elle ne ressentait plus la morsure glacée. Il est vrai qu'elle n'avait jamais pensée vraiment à sa condition d'elfe. Malgré qu'elle est toujours vécut toute seule, tout lui semblait facile. Elle avait aussi mit peu de temps à contrôler et à s'habituer à son don. Elle n'avait jamais vraiment été malheureuse jusqu'à maintenant, mais le fait de savoir qu'elle ne connaîtrait peut être jamais ses parents ne l'avait jamais peinée. Le plus dure pour elle était peut être la vie sociale ainsi que la vie en ville. Sans son arbre et un bout de forêt elle se sentait seule, et vide. Pour l'instant elle n'avait pas eu l'occasion de rencontrer un autre elfe, elle se demandait donc si ce ressentiment était commun à tout ceux de sa race...Elle leva ses yeux gris vers sa voisine, cette enchanteresse avait dû surement souffrir pour devenir ce qu'elle était.

-Vous savez pour les elfes, si la forêt meurt, nous mourrons avec elle...Peut être que pour tout les elfes ce n'est pass le cas, mais moi c'est dans l'esprit des arbres, fleurs, rivières et autres merveilles de la nature que je puise ma force...

Daloë acquiesça d'un hochement de tête et observa les pieds de l'elfe se mouvant avec grâce dans l'eau, réfléchissant. Elle comprenait parfaitement ce que l'elfe voulait dire. Tous les enchanteurs n'étaient pas comme elle. Sa mère lui avait enseigné la magie élémentaire. Cela consistait en méditation en forêt, usage des plantes et herbes, modulation des énergies par l'esprit. Cette branche de la magie était presque toujours reniée par les enchanteurs qui préférait la sombre magie ou encore l'alchimie.

"Je vous comprends, finit-elle par dire, je ne me sens pas non plus à mon aise en ville. J'aime être avec les nains, mais je fuis les enchanteurs la plupart du temps. En réalité, je ne me sens à l'aise qu'ici. Je puise ma force magique dans la nature et les éléments. Sans la forêt, je ne suis qu'une enveloppe vide"